Aucun parent ne se demande si son enfant a quelque chose à offrir au monde. Nous le voyons tous les jours dans les étincelles qui brillent dans ses yeux. En fait, les parents d’un enfant au caractère exceptionnel peuvent le voir plus nettement que les autres parents puisqu’on le porte à notre attention plusieurs fois par jour. Et je ne suis pas différente des autres.

Le potentiel que je vois dans mes enfants me donne parfois des frissons. C’est stimulant et cela me rempli d’espoir. Alors, pourquoi tout le monde n’a-t-il pas la capacité de voir cette valeur? Elle est si apparente, n’est-ce pas? De toute évidence pas pour tout le monde. La plupart n’en ont pas un rappel constant aussi fréquent tous les jours.

Voilà pourquoi je crois que les enfants ont la capacité de transmettre leur valeur, d’enseigner à être humain et de nous guider dans la compassion. Il faut cependant leur permettre de le faire. C’est à travers leur simple présence que se trouvent les nombreuses occasions d’apprentissage pour le reste d’entre nous. Nous devons simplement ouvrir nos yeux et nos cœurs.

J’ai redéfini ce que l’intégration signifiait pour moi. Avant, j’avais l’impression que cela signifiait le nombre d’heures où mon fils Andrew était assis en classe avec ses camarades. Maintenant, c’est le temps où nous (mon mari, mon plus jeune fils, moi et tous les autres qui veillons sur lui) lui permettons de transmettre ses valeurs à d’autres, de nous enseigner à être humain par ses gestes et de nous guider dans l’émotion de la compassion. Il ne réaliserait rien de tout cela sans que notre implication ne soit entière dans la vie de cet enfant de 11 ans. Mon travail consiste à trouver l’énergie et la créativité de participer aux activités où il peut faire cela.

Vivre dans une région rurale de la Saskatchewan représente un défi quand on cherche des occasions d’interaction sociale. Nous nous sommes bien organisés par le passé, mais nous sommes actuellement en train de créer un groupe communautaire de camarades mentors pour les enfants afin d’accroître ces occasions d’apprentissage. Les enfants seront jumelés ensemble. Vous vous demandez qui sera le mentor? Je vous mets au défi. Cela fonctionne dans les deux sens.

C’est un exploit difficile d’élever un enfant ayant des besoins particuliers dans un monde ordinaire. Rien de tout cela ne serait possible sans le soutien fondamental de ceux qui voient déjà la valeur au sein de chaque personne. C’est ce soutien qui nous pousse à progresser comme parents, qui nous aide à aller vers les autres et à échanger avec les autres pour rire ou pleurer à propos de nos expériences communes.

Mon association provinciale pour l’intégration communautaire m’a mise en relation avec un réseau de mères ayant un parcours similaire et elle m’a donné la force et le courage de transmettre le même genre de soutien dans ma communauté locale. Non seulement j’aime cette camaraderie, mais j’en suis venue à dépendre de la sagesse collective.

L’Association nationale pour l’intégration communautaire a aussi joué un rôle pour élever mon enfant exceptionnel et, par ricochet, à améliorer la qualité de vie de la famille en entier. J’ai participé à un atelier Values, Vision, and Action où on a présenté l’idée d’un microconseil. J’étais bouleversée en pensant à nos testaments et à l’avenir de notre fils quand nous ne serons plus en mesure de le soutenir. J’ai maintenant une vision plus claire de la création d’un cercle de soutien s’il se retrouvait sans nous. Son avenir peut être façonné par la même sagesse collective, et il pourrait même choisir d’être le président s’il le souhaitait. Savoir cela me procure une telle paix.

Alors que nous avançons, tentant de paver la route la plus douce possible pour nos fils, nous tentons de vivre l’intégration et non pas juste d’en parler. Nous espérons ainsi contribuer à encourager une communauté qui cherchera la valeur de chaque personne et qui la trouvera!

Bluesette et son mari Mark habitent dans un ranch à Meadow Lake, en Saskatchewan, avec leurs deux fils, Andrew (11 ans) et Birch (8 ans). Bluesette est actuellement présidente de People Advocating for Children with Exceptionalities (PACE) un groupe de défense ses droits des enfants au caractère exceptionnel qui soutient les familles qui élèvent des enfants avec des besoins particuliers.