Quand mon mari et moi avons appris que notre future fille avait la trisomie 21, nous étions terrifiés. Avant sa naissance, les possibilités de garderies étaient au cœur de nos préoccupations. Quelque peu en panique, j’ai appelé à la garderie que nous avions prévu utiliser, soit le Child Study Centre (CSC) de l’Université Mount Saint Vincent (où nous travaillons tous les deux). La directrice de la garderie, Debbie Armstrong, a immédiatement apaisé mes inquiétudes : « Bien sûr que nous accueillons les enfants trisomiques! Ils se surpassent ici! » C’était l’un des premiers moments qui laissaient présager à quel point la vie avec notre fille, prénommée Quinn, serait magnifique. Nous avions aussi un premier aperçu à quel point cette garderie est particulière.

Tout juste après le deuxième anniversaire de Quinn, quelques semaines avant son entrée à la garderie CSC, nous avons visité l’établissement et rencontré son éducatrice principale, Taylor Hansen. Nous avons aussi appris pour la première fois que Quinn serait soutenue par la coordonnatrice à l’intégration, Erin Dooly, qui veillerait à faciliter l’implication de Quinn dans tous les aspects du programme de la garderie. Nous avons été surpris et ravis d’apprendre que notre fille recevrait ce soutien supplémentaire.

Quinn fréquente maintenant la garderie CSC depuis quatre mois. Nous la voyons se distinguer, et notre enthousiasme pour la garderie CSC et son engagement envers l’intégration ne s’émousse pas. En quelques semaines, Erin, Taylor et d’autres membres du personnel de la garderie CSC ont organisé une réunion avec les différents professionnels impliqués dans la vie de Quinn. Pour la toute première fois, le physiothérapeute, l’ergothérapeute, l’orthophoniste et l’intervenant en petite enfance de Quinn se sont réunis et leurs différents programmes pour à Quinn ont été intégrés en un plan de programme individualisé (PPI) incroyablement complet.

Nous sommes ravis que le programme de la garderie CSC ait facilement soutenu notre plan d’ensemble de développement de Quinn. Son développement moteur et ses capacités langagières ont progressé rapidement. Cependant, c’est l’engagement du personnel envers l’intégration qui nous impressionne le plus. Quinn a été pleinement et judicieusement intégrée aux activités de la garderie. Des mesures apparemment simples, mais incroyablement importantes ont permis d’atténuer les difficultés qui auraient pu isoler Quinn de ses camarades. Par exemple, comme Quinn ne marche pas encore de manière autonome, les sorties régulières autour du campus de l’Université Mount Saint Vincent exigent qu’elle soit transportée. Plutôt que de pousser Quinn dans une poussette d’une manière qui aurait pu l’infantiliser et l’isoler de ses pairs, le personnel a décidé de tirer Quinn et un ami dans un chariot. Plutôt que de marquer sa différence, les tours en chariot sont devenues une activité spéciale que Quinn et ses amis aiment tous. Ces derniers aiment d’ailleurs tous être choisis pour accompagner Quinn dans un tour de chariot.

De même, les stratégies pour favoriser la mobilité de Quinn ont atténué ses différences tout en mettant de l’avant la camaraderie dans la classe. Pour soutenir Quinn qui apprend à marcher, le personnel de la garderie CSC a modifié un panier d’épicerie jouet (un des jouets préférés des tout-petits) pour permettre à Quinn de se déplacer seule dans la classe. Le premier jour où Quinn a marché fièrement et de manière autonome vers le cercle, un groupe de petits de deux et trois ans s’est mis à l’applaudir et à l’encourager. Ce jour-là, la fierté extraordinaire que nous ressentions envers notre fille était accompagnée d’une reconnaissance envers la garderie CSC pour avoir créé un milieu qui la soutient si bien.

Les parents d’enfants qui sont des besoins particuliers peuvent s’habituer à entendre parler des « déficiences » de leurs enfants. La garderie CSC offre un message différent, choisissant plutôt de célébrer les forces de tous les enfants. Le plan de programme individualisé de Quinn en est un parfait exemple puisqu’il regorge de louanges, vantant son caractère joyeux, sa curiosité, son intérêt envers les livres, son énergie, son sens de l’humour, son amour de la musique et sa motivation. Ce document nous révèle à quel point la garderie CSC s’engage envers la réussite de Quinn, mais encore plus que cela, il nous indique clairement que le personnel voit notre fille de la même manière que nous : comme une petite fille extraordinaire dont le potentiel ne devrait pas, et n’est donc pas, limité par son nombre de chromosomes.

Comme nouveaux parents, nous commençons à peine à apprendre la valeur intrinsèque de l’intégration scolaire. Cependant, en seulement quatre mois, le Child Study Centre (CSC) de l’Université Mount Saint Vincent nous a montré que c’est possible et à quel point c’est important.

Martha Walls est professeure adjointe en histoire à l’Université Mount Saint Vincent à Halifax en Nouvelle-Écosse. Née à l’Île-du-Prince-Édouard, Martha Walls détient un baccalauréat et un doctorat de l’Université du Nouveau-Brunswick de même qu’une maîtrise de l’Université Dalhousie. Elle a enseigné pendant quatre ans à l’Université St. Francis Xavier à Antigonish en Nouvelle-Écosse. Ses recherches sont axées sur l’histoire des Premières Nations du Canada atlantique avec une spécialisation dans les expériences historiques des femmes des Premières Nations. Son ouvrage No need of a chief for this band: The Maritime Mi’kmaq and Federal Electoral Legislation, 1899-1951 a été publié par UBC Press en 2010. Ses travaux ont également été publiés dans Acadiensis, the Canadian Journal of Native Studies, and the Journal of the Canadian Historical Association. Le mari de Martha, Corey Slumkoski, enseigne également l’histoire à l’Université Mount Saint Vincent.